Absent une dizaine de jours et ne disposant pas de communication pour lire mes courriels, j’ai trouvé à mon retour un nombre surprenant de messages de souhaits de bon anniversaire dans ma boîte à lettres. Merci à tous.
22 Mars, c’est aussi le jour de naissance du petit-fils de Jacky, ..., mais des années plus tard ! m’a écrit Sylvia. Le 22 Mars est aussi l’anniversaire de la création en 1968 du « Mouvement du 22 Mars » qui fut un moteur des événements qui suivirent en Mai. Mouvement d’esprit libertaire (pas anarchiste) mené par les frères Cohn-Bendit. Gabriel l’aîné et l’idéologue, Daniel le cadet le frondeur surnommé Dany le rouge. M22M, c’était l’inscription que j’avais posée sur l’avant de ma parka. Parka d’un surplus de l’armée américaine comme en portaient de nombreux jeunes ces années -là. Dans le dos j’avais dessiné les portraits de Bob Dylan et de Joan Baez. Les deux troubadours de la contestation, de «la Folk, la Protest song ». The times they are a changing … Blowing in the wind … Masters of war.
C’était l’époque d’une société qui s’endormait sur les acquis des efforts de la reconstruction d’après- guerre. La guerre froide, la course à la bombe atomique, la guerre du Vietnam et des populations qui s’embourgeoisaient et qui s’installaient dans un conservatisme bloquant. L’information était formatée, contrôlée par l’état. C’est par le livre et la chanson que la « révolution » s’est faite. La jeunesse aspirait au défoulement et brisa les tabous intellectuels et moraux d’une société vieillissante en faisant les choix existentialistes jusqu’à l’utopie. « Sous les pavés la plage ... il est interdit d’interdire » !
Après les USA et les soulèvements dans les campus universitaires, la fièvre de la révolte se développa en Allemagne, menée par Rudi Dutchke (Rudi rouge). C’est de la faculté de Nanterre que partit le mouvement de contestation en France. En Mai la France était paralysée par les grèves. Le monde ouvrier s’est levé pour un meilleur partage des richesses, pour des salaires plus élevés. Le pouvoir était au bord du chaos, le président de la République prêt à abdiquer. Une élection législative en juin mit fin à ces événements en envoyant à la chambre des députés une forte majorité de conservateurs. La province choquée par les images et les commentaires des médias bien manipulés par le pouvoir fit un vote massif pour le rétablissement de l’ordre. Les vacances d’été tombèrent à pic pour participer à l’apaisement de la situation.
La société cependant changea, les salaires furent bien augmentés, les médias malgré tout décadenassés. Un an plus tard le président de la république était désavoué par un référendum. Une nouvelle France plus libre, plus moderne naissait. Mais la société restait sous le joug d’un pouvoir toujours plus fort tout en étant plus discret : celui du capitalisme, de la finance.
À Sylvia, à Jacky, je souhaite que leur petit-fils né un 22 Mars connaisse le bonheur d’une évolution meilleure, plus juste, plus humaine de notre société. « Élections, piège à cons », c’était le slogan des anarchistes en 1968, ils n’en ont pas changé ! À la sortie des élections cantonales des week-end passés, force est de constater le danger de ne pas voter. La République, la démocratie exigent la participation de tous les citoyens aux choix politiques. Au petit-fils je dis sois comme ton grand-père un citoyen fier de la République et combattant pour ses valeurs qu’il est temps de restaurer et de remettre en avant pour le bonheur de tous, en retenant que le malheur des uns ne fait pas le bonheur des autres, au contraire, et que les différences sont des richesses quand elles savent s’entendre.
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