Il y a des personnes dont vous connaissez peu de choses, que vous ne voyez pas souvent mais envers lesquelles vous nourrissez des sentiments sympathiques et qui prennent une place dans votre mémoire. C’est ainsi que j’éprouvais beaucoup d’agréments à rencontrer mon voisin de garage et à parler avec lui occasionnellement. Dialogues simples et banals mais chaleureux : le temps, le quartier, les travaux de voirie … et surtout le jardinage avec celui que j’appelais mon petit pépère. Il m’avait dit qu’il était un ancien de la SNCF, qu’il avait travaillé au dépôt de Saint-Pierre-des-Corps et qu’il était domicilié à coté, dans la rue des Frères Lumières depuis longtemps. Un quartier essentiellement habité par des employés des « chemins de fer » où la plupart des constructions avaient été bâties pour eux. En face de chez lui il y a un îlot très typique de petits pavillons jumelés qui fut à l’origine construit pour les les employés du rail.
Depuis quelques mois je ne rencontrais plus mon ami jardinier. J’ai remarqué les volets de son appartement fermés. J’ai questionné les personnes du rez-de-chaussée et j’ai appris que notre voisin s’en était allé. Cette mauvaise nouvelle m’a touché. Je garderai en moi ce souvenir et cette image d’un homme très simple, toujours bien apprêté, avec sa cravate, sa chemise bien repassée, sa blouse de travail bleue et parfois des « charentaises » aux pieds. Un petit homme à la scoliose prononcée qui roulait avec un Solex auquel il accrochait une petite carriole pour ramener les légumes de son jardin. Un personnage sympathique et attachant qu’aurait certainement aimé photographier Robert Doisneau tant il était l’expression d’un français fier de sa vie, digne et caractéristique d’une époque qui tenait à des valeurs à la fois simples et nobles qui se perdent aujourd’hui et qu’il serait bon de remettre au cœur de notre société.
Je t’aimais bien cher voisin et je te regrette, je pense à toi.
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