Je n'ai jamais été indifférent aux larmes des femmes, j'ai toujours ressenti un profond malaise face à une femme qui pleure. Il y a bien des raisons, faciles à comprendre, et des raisons plus profondes, plus complexes, plus enfouies dans la sensibilité de mon être pour expliquer ce malaise. Sujet qui mériterait un développement mais qui n'est pas celui que je traiterai dans cette note.
En découvrant Ségolène Royal en pleurs suite à sa déconvenue face au résultat du premier tour à la primaire citoyenne dimanche soir, beaucoup de françaises et de français, qu'ils l'apprécient ou pas, ont certainement ressenti ce réflexe humain troublant. Ségolène a craqué, elle qui se croyait la nouvelle Jeanne d'Arc, la nouvelle Liberté qui guide le peuple et qui croyait en son destin de première Présidente de la république. Telles ces stars délaissées du jour au lendemain, elle s'est retrouvée face à une réalité qu'elle n'imaginait pas. Abandonnée par le gros de sa troupe de fans, par ceux qui l'avaient conduite au pied du trône de la République en 2007. Le verdict des urnes est parfois cruel !
La chute de Ségolène confirmée par ce vote ne m'a pas surpris. J'étais conscient de la grande distance qui s'était établie entre elle et son électorat. Après son échec à la présidentielle de 2007 elle croyait à la fidélité des 47% de suffrages exprimés en sa faveur et elle était certaine d'y ajouter en 2012 ce qui manquait pour l'emporter. Pourtant ces quatre dernières années son image s'est ternie, son entourage, ses appuis se sont volatilisés pour se restreindre à sa cour poitevine et charentaise. Ses interventions sur le plan national m'ont parues souvent décalées et même pathétiques. Loin des réalités qu'elle ignorait sciemment elle restait sur son nuage et croyait à son destin « divin ». Un de ses derniers entretiens la montre surréaliste, comme possédée. Elle affirme sa foi en son destin et s'exprime en illuminée qui a entendu les voix célestes. Le paradis promis s'est transformé en une réalité qui la confronte à l'enfer de la chute politique.
Une vérité doit être dite. Ségolène est une femme intelligente et compétente. Parallèlement elle est handicapée par un comportement caractériel qui la dessert et qui repousse beaucoup de ceux qui souhaiteraient travailler dans une toute autre ambiance à ses cotés. Son équipe à la tête du Conseil Régional de Poitou-Charentes est constituée de personnes qui assurent leurs responsabilités avec brio. Elles sont malheureusement parfois trop faibles, trop soumises pour dire à la Présidente des réalités qu'elle ne souhaite pas entendre mais qui lui rendraient les meilleurs services ainsi qu'à la région. Elle a également avec elle des élus qu'elle à choisi par souci de racolage électoral et qui n'apportent rien. Cet entourage est tout autant responsable de sa déchéance nationale parce qu'il l'a entretenue dans une bulle mensongère, loin des réalités. Par faiblesse, par intérêts, par manque de courage, beaucoup de ses conseillers lui ont trop caché bien des vérités qu'elle ne souhaitait pas entendre. C'est une grande faiblesse de la part de nombreux politiques ambitieux que de ne pas vouloir entendre des critiques et des erreurs, comme de s'entourer de mauvais conseillers. Quand Ségolène a intégré dans son équipe un syndicaliste qui avait utilisé des méthodes terroristes dans un combat certe légitime, plutôt qu'un magistrat reconnu pour ses qualités professionnelles, intellectuelles, et humaines elle était dans l'erreur qui l'a conduite là où elle est. Peut-être pourrrait-elle en prendre conscience et reconnaître également les blessures qu'elles à faites à ceux qu'elle a maltraités ou ignorés injustement. S'ils n'en ont pas pleuré, ils en ont certainement souffert. Puisse cet épisode de sa vie lui apprendre le respect et l'humilité.
Dès hier je souhaitais écrire sur ces sanglots à la fois blessants et rassurants. Mon ami Gilles l'a fait avant moi et de manière plus élégante, plus subtile avec des vérités qui méritent d'être connues parce-qu'elles expliquent pourquoi Ségolène en est arrivée là. Il le fait avec la grandeur d'esprit qui le caractérise. Il le fait sans la rancune légitime qu'il pourrait nourrir. Il le fait avec cet humanisme, avec cette dimension philosophique et spirituelle qui éclaire et qui rassure. Je vous invite a le lire :
http://gillesmichaud.over-blog.com/article-les-larmes-de-segolene-86271359.html
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