Être de la Gauche Républicaine et démocratique et considérer que les résultats des élections municipales après le premier tour étaient relativement satisfaisants, c’était être irréaliste et faire preuve d’un certain masochisme. Ces résultats étaient très mauvais, après le deuxième tour c'est encore pire, il faut le dire.
Bien des explications ont été développées pour les expliquer, elles sont crédibles pour la plupart, encore faut-il savoir leur donner l’importance qu’elles ont vraiment.
Il est évident que la situation économique avec un fort taux de chômage est la raison essentielle de ces votes de mécontentement. Les sanctions les plus dures, les suffrages exprimés pour l’extrême droite concernent les communes où le chômage est le plus fort. C’est là que sont les votes de rejet, les votes du désespoir. Voilà des années et des gouvernements successifs que notre pays voit ses entreprises délocalisées, son industrie dépérir, les emplois disparaître. La crise de 2008 née aux Etats-Unis avec ses répercussions chez nous a amplifié un déclin économique et accentué ses conséquences sociales. Dès le départ on savait qu’il fallait s’attendre à 15 années de difficultés pour espérer sortir de cette crise. Dans ces conditions la politique à mettre en œuvre ne peut pas être une fuite en avant : la rigueur budgétaire, les économies d’état s’imposent. En même temps les investissements, les aides sont réduits et ne permettent plus d’aller vers une croissance économique, seule atout pour améliorer la situation, pour s'en sortir. Le salut devrait venir de l’Union Européenne mais celle-ci a trop tardé à agir et ne l’a pas fait avec l’audace et l’amplitude absolument nécessaires. L’Allemagne et l’Angleterre ont mis des freins. Aujourd’hui protégés par des très forts investissements étrangers pour l’Angleterre, par une balance commerciale très positive pour l’Allemagne, leur avenir n’est pourtant pas assuré et ces pays pourraient subir des revers. Les événements en Crimée, en Ukraine la perte des pouvoirs économiques des pays qui l'entourent et qui sont ses meilleurs clients auront des conséquences négatives pour l’Allemagne, la manne venue des pays du Golf pour l’Angleterre risque également de connaître une récession. Si leurs économies semblent meilleur, l'Angleterre et l'Allemagne ont une pauvreté, des précaires au moins aussi nombreux qu'en France.
La France n’a pas de marge pour mener une politique de croissance indispensable. Il faut tenir en évitant de creuser encore plus une dette abyssale héritée des 12 dernières années. La France est endettée et n’a plus d’autres solutions que de contrôler cette dette et la réduire. Seule, elle ne réussira pas à s’en sortir. Elle n’est pas unique, la plupart des pays de l’Union connaissent les mêmes difficultés, souvent en pire. Le salut passe par l’Union Européenne. François Hollande en est conscient, Mme Merkel et surtout Monsieur Cameron beaucoup moins. Alors que faire en attendant une action énergique, efficace de l’Union Européenne ? Ceux qui avancent des réponses qui sont différentes des choix faits par le pouvoir actuel mentent. Les pires sont les propos populistes accusant l’Europe, l’Euro, les immigrés, enfin tout ce qui n’est pas Gaulois, franchouillard et bien blond dans la tête. Ceux-là proposent la solution du chaos total et ceux qui y croient qui sont les plus exposés aux difficultés aujourd’hui le seraient encore plus demain. Abandonner l'Euro pour revenir à une monnaie nationale aurait en conséquence immédiate un écroulement de cette monnaie, suivie de dévaluations successives qui verraient tous les placements se réduire à peau de chagrin et le pouvoir d'achat des français s'effondrer. Une inflation incontrôlable verrait les conditions de vie devenir gravissimes pour tous et encore plus pour les démunis d'aujourd'hui. Il est impossible de ne pas dépendre d'une économie aujourd'hui mondialisée. Nous sommes dépendants de ressources que nous ne possédons pas sur notre territoire. L'exemple du pétrole est le plus facile. Le retour à une monnaie locale verrait son prix augmenter, le carburant deviendrait un produit de luxe. Les aides sociales, les services publiques feraient faillites et ne fonctionneraient plus. Les entreprises avec fonds étrangers fuiraient la France et les autres fermeraient leurs portes.
TOUS POURRIS ????? C’est ce qu’on entend couramment, c’est ce qui est galvaudé plus ou moins distinctement dans la presse, à la radio, à la télévision et sur les réseaux dits sociaux. C’est ce que les populistes, nationalistes répandent quotidiennement sur les ondes, dans les médias. C’est une propagande d’intoxication qui nous rappelle un triste passé. Pourris, c’est ainsi que sont qualifiés les politiques, élus et responsables des Partis. Non les politiques ne sont pas plus pourris que le reste de la population, ils sont à l’image de notre société. Comme dans toutes les catégories ils sont tout ce que le genre humain montre de qualités et de défauts. A bien y regarder de près, les politiques français sont certainement plus honnêtes que leurs homologues dans bien d’autres pays.
Oui il y a des politiques peu scrupuleux, peu dignes, rejetables. Curieusement ce ne sont pas ceux sur lesquels la vindicte populaire jette son opprobre la plus sévère. A bien y regarder encore, certains élus pas très honorables sont parfois les mieux réélus ? Oui les élus sont à l’image de la société et de la population, ni mieux, ni pires. Mais lutter contre ce cancer du « tous pourris » est bien difficile tant ce type de slogan est facile. Il a pour effet de faire du vote de contestation et de l’abstention. Tout le contraire d’un choix d’amélioration, de changement ou d’encouragement.
Que faire après ces élections municipales dont il faut savoir tirer des leçons sans se voiler la face et l’esprit ? C’est le moment de faire une politique des plus pragmatiques avec moins de ministères qui seraient élargis, avec à leur tête moins de « politiques », plus de techniques, d’experts. Il faut chasser les choix partisans, il faut en finir avec les partages du pouvoir à la proportionnelle des résultats issus des votes. Il faut remiser les acteurs politiques dans leurs Partis et mettre à la tête des ministères des grands spécialistes, de la grande expertise. Cela doit être fait avec un sens intelligent de l’ouverture pour donner un véritable élan national à une politique qui serait sans concessions pour les arrangements, pour les clientélismes en tous genres. Ce n’est qu’avec un pouvoir fait des plus grandes compétences, des plus grandes expériences que notre pays pourra affronter les difficultés qu’il a à vaincre et qu’il pourra les dépasser pour ouvrir la voie au retour de la croissance et à l’amélioration des conditions de vie pour tous, et d’abord pour ceux qui vivent dans la précarité.
Voilà ce que je demande à notre Président de la République, installer un gouvernement sans faire de concessions à aucun Parti, mettre de l’expertise dans les ministères et prendre des distances avec les pressions venant de toutes parts en gardant comme seul objectif, non pas sa popularité, les points dans les sondages, mais le souci de réussir à sortir notre pays de la crise et les françaises et les français du désespoir.
Certains se posent la question : à quoi serviraient les Partis politiques dans ces conditions ? La réponse est : à faire le travail qui leur incombe. Siéger à l’Assemblée Nationale et au Sénat pour y légiférer et pour contrôler le travail de l’Etat. Travailler au sein des collectivités locales. Les Partis n’ont pas à être spécifiquement des pourvoyeurs de ministres, de secrétaires d’états, de chefs de cabinet. Ils ont essentiellement un rôle parlementaire pour la nation et administratif, gestionnaire, pour les Régions, les départements, les cantons, les communes. (Découpage administratif et politique qu’il faut vite réformer pour alléger et dégraisser ce mille feuilles). D'autre part, après la limtation des mandats exercés qui sera effective en 2017, il faut également s'attaquer à la limitation des renouvèlements: 3 pour un Maire, 2 pour un parlementaire et pour un Conseiller Régional ou Général serait un maximum acceptable. Exercer un mandat politique doit être un sacerdoce limité dans le temps pour permettre le renouvèlement, véritable garantie d' une meilleure démocratie.
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