C'est une habitude. La famille d'accueil passe ses vacances d'été sur l'île d'Oléron et projette de s'y installer durablement dans u proche avenir. La condition étant que Monsieur trouve un travail à proximité.
Les parents d'accueil sont arrivés cet été accompagnés des deux enfants qui leurs sont confiés. Le plus grand qu'on appellera Jordan âgé de huit ans, le plus jeune Medhi âgé de 5 ans mais ne paraissant pas plus de 3 ans à cause d'un retard dans son développement lié à une opération du cœur. S'était ajoutée une fille de 9 ans, Samia, qui venait provisoirement dans cette famille, confiée par une autre famille d'accueil qui était contrainte de s'en séparer trois semaines.
Durant trois semaines du mois d’Août nous avons eu cette famille de deux « parents » et de trois enfants comme voisins. Des gens très ouverts, très agréables qui prêtaient grande attention à leurs enfants d'accueil. Exercices scolaires journaliers pour les deux plus grands, rééducation orthophonique pour Samia, piscine et sorties à la plage, visites diverses des alentours (Île d'Aix, zoo de La Palmyre …), les enfants étaient au centre de toutes les préoccupations.
Des enfants curieux de savoir, de connaître nos activités qui venaient nous voir et nous posaient beaucoup de questions. Des enfants curieux de découvrir mes pêches et de voir comment je fumais mes poissons.
Nous avons appris de ce qu'ils avaient vécus et des vicissitudes de leur enfance. Un père était en prison pour violences, la mère n'était pas en capacité morale et intellectuelle de conserver la garde de Eddy. Même situation pour le petit Medhi qui nécessitait une attention très particulière à cause de sa santé fragile. Quant à Samia elle avait connu des « violences » de son père et en gardait des réflexes naturels de peur des hommes. Peur qui disparaissait avec la confiance acquise et qui se transformait en recherche de tendresse.
Durant ces trois semaines nous avons beaucoup appris cette famille d'accueil et nous avons compris l'univers complexe et tourmenté de ces enfants qui étaient contraints de retrouver leur mère un week-end par mois. Je dis bien « contraints » car manifestement ce n'était pas leur volonté, au contraire. Leurs parents d'accueil savaient garder la distance qui les distinguent des parents biologiques et n'étaient dans la relation avec ces enfants que des Oncle et Tante. Distinction importante. Pour les enfants il était évident que Oncle et Tante représentaient les parents qu'ils auraient tant aimé avoir. C'est le dernier soir de vacances que les enfants se sont lâchés pour dire leur hantise d'avoir à revenir visiter leurs mères. Jordan eut le réflexe dur de souhaiter que la « maison » de sa mère disparaisse dans un incendie. Il y voyait l’échappatoire pour ne plus revoir cette mère. Quant à Samia elle aussi ne souhaitait pas revoir ses parents biologiques.
Ce dernier soir les enfants sont venus nous voir et ont exprimé le désir d'emmener avec eux un souvenir de nous. Ils avait apprécié notre compagnie, nos attentions. C'est ainsi que nous avons fait une photo souvenir. Certainement souhaitent-ils revenir à nouveau cette année. Nous serions ravis de les avoir à nouveau comme voisins, avec l'espoir que la vie sera plus douce pour eux. Mais que peuvent-ils espérer avec cette fracture psychologique, morale et intellectuelle qu'ils vont devoir supporter tout au long de leur vie ? Adultes ils conserveront forcément de lourdes séquelles de leurs années d'enfance dérangée.
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