C'est mon activité préférée, la pêche en mer. Toutes les sortes de pêches : pêches à pied sur l'estran, pêches du bord, pêches en pleine mer (traînes, dérives, mais surtout pêches à la calée, ancré.). J'ai coutume de noter sur des cahiers les détails de toutes mes pêches, de leurs préparations, de leurs conditions, des observations diverses qu'il faut en retenir et surtout des prises. Il faudra que je transcrive ces notes dans un fichier numérique pour le rendre accessible aux amis, aux pêcheurs … Je le ferai au fur et à mesure, il y a beaucoup à réécrire.
Dans l'immédiat je vais le faire au jour le jour (ou à peu près), à la façon des carnets de pêches en Irlande de Benoîte Groult (désormais publiés). Cette femme avait la passion de la pêche qu'elle pratiquait quotidiennement durant ses séjours estivaux en Irlande. Pêche dont elle se nourrissait journalièrement et qu'elle faisait apprécier à ses invités souvent célèbres comme elle. François Mitterrand avait eu cette chance, lui qui était un proche de Paul Guimard le mari de Benoîte. Sont venus aussi le couple Dabadie, Elisabeth et Robert Badinter, Tabarly ...
Comme moi Benoîte avait son bateau et une barque identique à la mienne, une Tabur. Je me retrouve dans ses carnets, à la différence que je suis sous un climat moins rude, sur l'Atlantique aussi, 7 degrés de latitude plus au sud et 9 degrés de longitude à l'Est, mais avec des eaux moins froides, moins tempétueuses et plus facilement navigables. Autre différence importante, la côte Irlandaise est beaucoup plus poissonneuse et riche en crustacés et fruits de mer. Cependant mes prises sont très suffisantes pour nous rassasier et en faire profiter nos invités et même nos voisins quand elles sont particulièrement fructueuses.
Jeudi, Vendredi 28-29 Juin 2018 : C'était une nuit de pleine lune ...
Pascal, mon compagnon de pêche, a remis un vieux filet de son père en état. Ce filet à simples mailles n'avait plus vu une marée depuis plus de vingt ans. Nous l'avons posé en mer au crépuscule qui précédait la nuit de pleine lune. Avec ce filet nous savions que nous aurions de belles araignées de mer. J'ai également mis mon casier à l'eau. Le lendemain en début d'après-midi nous sommes allez les relever. Dans mon casier j'ai trouvé sept crabes-araignées et un gros congre. Au relevage du filet nous avons immédiatement senti qu'il nous offrait une pêche miraculeuse. Ramener toutes ces araignées fut très compliqué. Nous fûmes obligés de couper le filet en deux et de le ramener par les deux bouts. Malgré cette astuce le poids des araignées fut difficile à monter à bord.
De retour à notre mouillage nous avons choisi de faire trois allers-retours d'annexe pour débarquer nos prises . Trois grosses poubelles furent nécessaires. Sur la plage les baigneurs n'en revenaient pas. Nous avons choisi de distribuer les araignées les plus faciles à sortir des mailles à ceux qui étaient intéressés. Nous avons fait de même sur le parking au chargement. J'en ai distribué dans mon village. Chez Pascal, dans son garage nous avons fait le travail de démêlage des prises. Les voisins ont vite été alertés de cette pêche exceptionnelle et sont venus se servir. Du jamais vu disaient ces Côtinards (habitants de La Côtinière). Quelques-uns nous ont aidés en mettant les araignées de tailles moindre et bien vives dans des seaux qu'ils sont aller verser à la mer.
Encore une expérience impressionnante, un souvenir inoubliable. J'ai peut-être une explication de cet énorme coup de filet :
C'était une nuit de pleine lune du solstice d'été !
Vendredi 6 Juillet 2018
Départ à 7h00 pour relever mes deux casiers à anguilles. Ces quinze derniers jours j'ai répété cette opération un jour sur deux et j'ai congelé quelques prises.
C'est une heure où tout est calme, tranquille. La rosée du matin bien présente annonce une journée chaude. Dix minutes de voiture m’amènent sur le lieux de pêche. Je traverse un pré longé par le canal où j'ai posé mes nasses. Des nasses que j'ai fabriquées il y a déjà quelques années et avec les quelles j'ai pris beaucoup d'anguilles. Des poules d'eau s'envolent lourdement et bruyamment d'une mare créée sur une dérivation du canal. Je suis seul à cet endroit qui verra dans deux ou trois heures de nombreux vélos passer à travers le marais et des pêcheurs (des pêchaillous!) mouiller leurs lignes dans le grand canal tout proche.
Il m'arrive parfois de douter de l'emplacement de mes nasses. Mais aujourd'hui je me dirige directement là où elles sont immergées. Je relève la première et avec satisfaction je vois deux belles anguilles que que transfère dans mon panier de transport. Je relève la deuxième nasse. Rien. Elle est vide. Je ne remets pas mes pièges à l'eau. La saison des vacances débutant demain, des pêcheurs pourraient venir là où elles seraient, s'accrocher et s'emparer d'éventuelles prises, et pire emporter mes nasses. J'attendrais la fin du mois d'Août pour à nouveau mouiller mes nasses.
Je reviens à ma voiture chargé de mes deux nasses et de mon panier avec les anguilles. Un vol de cygnes passe au-dessus de moi à basse altitude avec un lourd bruit de battements d'ailes. En face de moi le saulnier - saunier en écriture d'aujourd'hui, mais je préfère saulnier qui fait plus référence au travail du sel - n'est pas encore dans son marais salant. Il ne va pas tarder. Une dizaine de chevaux broutent l'herbe saline du pré d' à coté. Comme souvent je vois passer sur la petite route deux jeunes filles à vélo qui se rendent certainement à leur collège. Je me dis qu'elles ont beaucoup de privilège de pouvoir bénéficier de cette chance de traverser ces beaux paysages, plein de quiétude. Cette diversité paysagère avec cette multitudes d'oiseaux de différentes espèces, sédentaires ou de passage qui trouvent là leur pitance et leur refuge. Sont elles conscientes de cette chance ? Ne rêvent t-elles pas de la ville et de ses vitrines, de ses échoppes, de activités fourmillantes, bruyantes … ?
Je reprends ma route du retour et dès mon arrivée je procède au nettoyage de mes anguilles. Autrefois je les dépouillais. Je choisis désormais de les laisser avec leur peau suite aux conseils d'un ami. Je les découpe en tronçons que je mets dans un sac à congélation et je les dépose dans le congélateur où elles s'ajoutent aux prises précédentes. Elles seront sorties pour être cuisinées et partagées avec des invités. L’anguille est souvent sujette à des réticences pour sa ressemblance avec les serpents, elle est cependant très appréciée dans l'assiette quand elle est bien cuisinée, correctement grillée accompagnée de beurre en persillade et d'ail. Sa chair fine est un régal qui en fait un plat très privilégié.
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