Le 1er Mars 2019
Lettre à Jeannine et Jacques,
J'ai vraiment apprécié la lecture de “Nietzsche au Paraguay”. C'est tout ce que j'attends d'un livre, qu'il m'interroge autant qu'il me nourrit. Je suis immédiatement entré dans l'ambiance de l'écriture, j'ai été très heureux d'accrocher et d'en comprendre le style très direct, épuré qui ramène au “concept Nietzschéen”. Il donne au récit de la vivacité, le rend très direct et percutant.
La postface de Nathalie est très touchante quand on a eu une affection amicale avec Christophe et des fréquentations heureuses avec ses parents. Elle transmet ce bonheur exceptionnel d'un couple qui partage tout dans sa vie, jusqu'aux fins fonds des passions et particulièrement, pour eux, celles de la littérature, de la philosophie et de l'écriture. Une harmonie complète des pensées, des sentiments, des sensibilités. Un livre à quatre mains et deux cerveaux, deux esprits qui n'en font qu'un.
Cette lecture m'engage à revenir vers Nietzsche et à approfondir l'approche de ses pensées si déroutantes et enrichissantes. Se mettre face aux contradictions de la vie, surtout accepter de douter plus que d'affirmer, est sain. Chercher ce Graal impossible d'une vérité en sachant qu'on n'y parviendra pas est tellement enrichissant.
Se confronter à des obstacles, à des déceptions c'est le lot de toute vie. Et c'est le propre de la Politique. Il faut beaucoup de courage, d'abstinence et d'élévation pour garder une foi politique, il faut faire preuve d'une immense philosophie dans le sens “d'être philosophe”, de mettre de côté les susceptibilités, son ego et accepter d'avancer dans la vie avec une qualité morale, psychique, intellectuelle. S'engager en politique c'est faire le choix d'appartenir à un “élan” qui va le plus dans le sens de ce que l'on souhaite pour la société tout en n'oubliant jamais qu'un Parti est une “dictature” comme l'a exprimé Simone Weil la politologue et philosophe. Le seul Parti qui convient pleinement est le parti de soi (du moi). Mais nous sommes contraints de vivre en société, alors nous devons accepter les compromis qui font le vivre ensemble. L'exercice politique est fait de déceptions, de désillusions, c'est un monde où ne réussissent que les plus éliminateurs: les crocodiles et les requins. Il n'y a pas de place pour les trop honnêtes, pour les tendres, les plus humains. En fait la politique n'échappe pas aux luttes pour les ascensions de la hiérarchie à l'instar de la société, des corporations, des communautés diverses, des congrégations, des associations …. “C'est la course à l'échalote”!
Pour réussir un politique doit savoir s'affranchir de ses convictions et n'aller que dans le sens porteur du vent. Souvent rêve-t-il qu'au sommet du pouvoir il pourra agir en accord avec ses convictions? C'est une erreur il est toujours conditionné, prisonnier, contraint.
Les écrits de Nietzsche, sa pensée sont très éclairants en la matière. La pensée du soupçon: soupçonner les valeurs en cherchant qu'elle arrière-pensée se cache derrière elles.
C'est troublant, c'est la contradiction, c'est accepter que la vérité est faite de contre-vérités...!
Ça ne peut être que le raisonnement d'un esprit hautement tourmenté, et c'est sûrement pourquoi Nietzsche a fini sa vie dans la folie, dans la démence. C'est cependant une pensée qui mène à une réflexion très enrichissante sur “qui sommes-nous”, “où sommes-nous” …
L'ouvrage de Christophe et Nathalie nous emmène sur ce terrain que nous sommes invités à explorer pour en découvrir les terreaux fertiles, les terres pauvres et les déserts, mais aussi les océans d'où vient la vie.
Merci à Christophe, merci à Nathalie qui j'en suis certain va poursuivre dans ses écrits pour nous faire nous questionner, nous emmener toujours plus loin tout en nous maintenant à proximité de Christophe par la réflexion et la pensée.
Très amicalement à vous deux, Jeannine et Jacques
Christian
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